Comme le disait notre instructeur : pour faire un bon feu, il faut tout miser sur la préparation. Et bien, on peut dire que faire nos sacs pour ces 3 jours en pleine nature nous a clairement donné le ton du séjour.
Bien sûr, le centre de formation propose une option avec un sac tout prêt, mais on a préféré tout faire nous-mêmes pour être équipés car l'objectif de ce stage était d'acquérir les compétences et les connaissances fondamentales pour ne pas se mettre en danger lorsqu'on part en randonnée et de pouvoir partir en bivouac en parfaite autonomie.
Alors, on a sorti la liste de tous les équipements à prévoir. Et c'est là, que le stage de survie a vraiment commencé.
Heureusement, Thibault est un randonneur et bivouaqueur confirmé, il avait déjà des bases solides. De mon côté, je n'avais jamais passé une nuit dehors. Mais entre bivouac et bushcraft (l'art de savoir vivre dans les bois), il y a un monde : celui du fire-steel, de la couverture de survie « type grabber », du poncho militaire, du tarp et de la paracorde. Ça ne nous parlait pas il y a encore quelques semaines, aujourd'hui, on ne partira plus en randonnée sans la plupart de ces équipements.
Une fois notre sac bien rempli, nous étions fins prêts pour l'aventure.
Le stage a eu lieu dans le Sud, en Hautes Corbières, près de Carcassonne, à la fin du mois de mai. Pour ne pas arriver sur les rotules, nous avons décidé de descendre depuis la région parisienne en plusieurs jours, en camping-car.
Tous les jours, nous faisions entre 2 heures et 4 heures de route, ponctuées de longues randonnées pour que Saika puisse se dégourdir les pattes.
Mission réussie, nous sommes arrivés à Vignevieille la veille du stage et en pleine forme.
Nous avions volontairement préparé nos sacs à la maison pour ne pas avoir à y toucher la veille et risquer d'oublier quelque chose. Et nous avons bien fait car c'est ce qui nous a permis d'être parfaitement sereins jusqu'au dernier moment.
Le jour J, nous nous sommes réveillés, frais et fringants. Nous avons mis notre tenue pour les 3 jours qui ont suivi : un pantalon de randonnée, un t-shirt, une ceinture pour pouvoir y fixer notre couteau à lame fixe, une casquette et une paire de chaussures de randonnée imperméables (nous avions pris des sous-vêtements de rechange).
À l'issue du stage, on a investi immédiatement dans des sous-vêtements en laine Merinos (shortys, brassières, chaussettes et t-shirts). En matière de confort ça n'a rien à voir. C'est un matériau qui protège du froid l'hiver, mais aussi de la chaleur l'été, qui offre une grande respirabilité et sèche très rapidement (ce qui limite la transpiration et les odeurs).
Nous avons laissé le camping-car près du terrain de tennis de Vignevieille comme l'instructeur nous l'avait conseillé et nous sommes partis à pieds, nos sacs sur le dos et Saika attachée à moi avec le baudrier.
Quand nous sommes arrivés au point de rendez-vous, nous avons été accueillis par l'instructeur et son apprenti, un scout de 24 ans, étudiant en 3ème année de médecine et... Irkhan : un magnifique croisé malinois et berger allemand de 11 ans, qui est immédiatement tombé sous le charme de Saika.
J'ai pu lâcher Saika et ils ont joué comme des fous tous les deux. On était très heureux d'apprendre que Saika allait avoir un compagnon de route pour le week-end.
Une fois les présentations faites, nous avons chargé le 4x4 et avons rejoint ce qui est devenu notre campement pour 3 jours.
L'instructeur a commencé par nous présenter son parcours : ancien sous-officier de carrière, éclaireur, expert en navigation terrestre et grand froids, guide accompagnateur montagne diplômé d'état, en bref, nous étions entre de bonnes mains.
Puis, nous sommes rentrés dans le vif du sujet en abordant les premiers concepts de la survie en pleine nature.
La « règle des 3 » est très simple, elle permet de définir des ordres de grandeur et permet d'identifier quelles sont les priorités en situation de survie :
Cette règle est une des bases en matière de survie, c'est elle qui doit guider nos choix et notre stratégie quand on se retrouve en milieu naturel. Bien sûr, il ne s'agit-là que d'approximations, l'idée est réellement de déterminer les priorités sur lesquelles se concentrer quand on se retrouve en mode « survie ».
Les « 7 C » permettent de préparer son sac efficacement pour être sûr d'avoir tous les équipements nécessaires en fonction des besoins lorsqu'on se retrouve en milieu naturel :
Voici une vidéo complète de Nic Wood Knife à ce sujet :
Après la théorie, place à la pratique pour monter notre campement.
Pouvoir se mettre à l'abri des intempéries, de la chaleur, des animaux et se reposer est essentiel en milieu naturel.
Pour monter notre campement, on a procédé en plusieurs étapes :
On a appris les noeuds indispensables pour la pratique du bushcraft : le noeud de Sibérie, le noeud de braconniers, le noeud de galère, le noeud de 8, la corde à linge, etc.
Voici une vidéo des principaux noeuds à connaître :
L'après-midi, nous avons parlé « couteaux », outils essentiels en pleine nature pour couper la nourriture ou encore tailler des piquets en bois. Comme vous vous en doutez, il en existe une multitude et chaque modèle présente son lot d'avantages et d'inconvénients.
De notre côté, nous avons opté pour deux modèles « tout terrain », bons en tout mais excellents en rien (par exemple, ils ne sont pas idéaux pour tailler du bois mais on ne les a pas vraiment pris pour ça non plus) :
Pour une utilisation polyvalente et « multitâches », on les trouve très bien.
Le lendemain matin, nous sommes partis marcher un peu pour aborder le sujet des comestibles sauvages.
En mode « survie », c'est important de savoir que l'on peut compter sur la nature pour nous apporter de quoi subsister en cas de besoin.
Le plus difficile est d'identifier quelles sont les plantes sauvages comestibles car certaines sont toxiques, voire mortelles.
Pour ça, mieux vaut être renseignés au préalable.
Voici une vidéo assez complète pour différencier les plantes toxiques des plantes comestibles :
En parlant de plante comestible, j'en profite pour faire un aparté concernant la nourriture qu'on avait choisie pour les 3 jours de stage car c'est la seule chose qu'on a regrettée : on n'avait quasiment pris que des repas lyophilisés par souci de praticité. Au bout du 2ème jour, on en avait déjà marre. Pourtant, ce n'est pas si mal, sur le plan nutritionnel et gustatif, mais vraiment, on s'en lasse... très vite !
L'idée, quand on part en bivouac, c'est de trouver le bon équilibre entre emmener suffisamment de calories, avec un minimum de poids. Et il faut que ce soit pratique à « cuisiner », forcément.
Pour nos prochains bivouacs, on prendra donc plutôt de la semoule, du riz et des pâtes, de la charcuterie, de la viande séchée, des oléagineux (noix de cajou, amandes, noisettes), des fruits secs, des barres de céréales, du muesli et des galettes de blé (pour remplacer le pain).
Pour Saika, on avait trouvé de la nourriture lyophilisée pour elle aussi, mais ça ne l'a pas emballée non plus. Elle est assez difficile sur le plan de la nourriture. Mais je lui avais pris des friandises « saines » et protéinées qu'elle a pu manger tout au long du séjour : cous d'oies, filets de poulet séchés et autres queues de boeuf. Et puis, son métabolisme de primitif lui permet de moins manger plusieurs jours d'affilée sans perdre en énergie, alors, ça ne la perturbe pas plus que ça. L'essentiel pour elle, c'est qu'elle puisse bien s'hydrater.
L'après-midi, nous avons abordé un sujet essentiel, qui nous sera très utile si un jour on rencontre un souci lors d'une randonnée : savoir s'orienter.
En cas de blessure grave, savoir indiquer clairement et précisément sa position aux secours peut réellement nous sauver la vie.
La méthode la plus fiable est de transmettre aux secours ses coordonnées UTM. Pour cela, notre smartphone est notre meilleur allié. D'où l'importance de garder de la batterie (ou d'avoir une batterie portable sur soi) en cas de problème.
Les coordonnées UTM sont celles utilisées généralement sur les cartes papiers (type IGN), elles sont particulièrement précises et fiables.
Il existe différentes applications mobiles qui permettent d'obtenir rapidement ses coordonnées UTM, c'est le cas notamment de « Mes Coordonnées GPS » ou « Ma position GPS ».
Après avoir appris à donner sa position aux secours, nous avons parlé d'un sujet certes pas vital, mais tout de même important : comment faire ses besoins dans la nature ?
L'idée est de pouvoir se soulager tout en préservant la nature et les autres usagers de la forêt.
Pour faire simple, il suffit de :
Et si vous voulez aller plus loin sur le sujet, il existe un livre qui aborde le sujet en long, en large en en travers : « Comment chier dans les bois » de Kathleen Meyer.
En rentrant au campement, on a réalisé l'atelier le plus cool du stage : savoir allumer un feu, avec des techniques diverses et variées dont certaines que vous retrouverez dans cette vidéo de Jacob Karhu :
Le kit le plus simple pour allumer un feu à mon sens est composé d'un briquet et d'un allume-feu « maison ». L'allume-feu vous permet d'obtenir une flamme qui dure suffisamment longtemps (plusieurs minutes) pour faire partir efficacement votre feu, même dans des conditions dégradées. L'idéal, c'est un morceau de coton ou un coton démaquillant partiellement imbibé d'huile d'olive ou de vaseline par exemple, que vous conservez dans un tube en plastique hermétique.
Comme je vous le disais au début de cet article, le plus important pour réussir un feu, c'est la préparation. Avant d'allumer votre allume-feu, il y a quelques précautions à prendre :
Il y a une multitude de manières d'allumer en feu, en fonction de ce que vous avez sous la main. Je vous mets aussi une vidéo de Mike Horn qui nous explique 6 façons de faire :
C'est l'avant-dernier atelier auquel nous avons assisté, et pas des moindres car avoir de l'eau potable est primordial en milieu naturel. Et quand on part pour plusieurs jours, il n'est généralement pas possible de partir avec un stock suffisant pour tenir.
Dans un premier temps, il est essentiel de repérer les points d'eau et de définir son itinéraire en fonction de leur position géographique.
Ensuite, il faut savoir qu'une eau, même claire, peut être contaminée par :
De nombreuses gourdes filtrantes permettent aujourd'hui de filtrer l'eau. Nous avons opté pour la gourde filtrante LifeStraw dont le microfiltre à membrane élimine 99,999999 % des bactéries, 99,999 % des parasites, 99,999 % des microplastiques, saleté, sédiments et turbidité.
La gourde OKO est encore plus performante car elle dispose d'un filtre capable d'éliminer les microplastiques, les bactéries, les virus, les PFAS, le chlore, les métaux lourds, le fluor, les pesticides et aussi les résidus médicamenteux.
Sachez qu'il est aussi possible de trouver des kits de décontamination d'eau, ce qui vous permet de décontaminer un plus grand volume d'eau et de ne pas être obligé de passer par la gourde pour la consommer.
Nous y voilà, dans l'après-midi du 3ème jour, nous abordons le dernier thème : la bobologie et la traumatologie.
L'idée est de pouvoir intervenir rapidement et efficacement en cas de piqûre ou de blessure.
Pour cela, l'idéal est d'avoir sur soi 2 kits distincts :
De notre côté, on a déjà préparé les 2 kits pour nos prochaines aventures en bivouac.
On a vécu une très belle expérience. J'appréhendais un peu la vie sauvage 3 jours d'affilée, et surtout les nuits. Mais, au final, on a très rapidement reconnecté avec la nature.
Le hamac pour dormir est tellement confortable ! Moi qui ai tendance à vite ressentir des tensions musculaires, surtout au niveau de la nuque et des trapèzes, les deux nuits en hamac ont été revigorantes.
On a entendu des animaux passer près de nous la nuit, très certainement des sangliers, mais on sent bien que là où on était ils ne cherchaient pas à venir près de nous. Je me suis vraiment sentie en sécurité.
Saika a pu être en libre tout le temps. Je l'ai quand même attachée la nuit, j'avais peur qu'elle finisse par aller explorer toute seule. Elle a dormi sur un tapis de sol à mes pieds ou directement à même le sol (les huskys ont une autre définition du confort).
Bien sûr, elle était attachée tout près de nous pour qu'on puisse intervenir en cas de problème.
C'était vraiment une aventure incroyable et voir Saika autant dans son élément, ça nous a fait un bien fou.
On aurait aimé avoir un peu plus de mise en pratique. Il y avait beaucoup de théorie, et c'est vrai qu'on n'a plus l'habitude d'être « passif » aussi longtemps. Mais on est très contents car on était venus chercher des conseils pour apprendre les fondamentaux et pouvoir partir en randonnée et bivouaquer en toute sécurité. Grâce à ce stage, quelques recherches complémentaires et l'équipement nécessaire, on se sent prêts à tenter notre premier bivouac tous les trois. On commencera par un court séjour : 2 jours & 1 nuit.
On a déjà hâte d'y être et de vous raconter ça ! Et attendant, Saika va reprendre des forces !