Comment gérer l’instinct de prédation chez le chien ?
En quoi consiste la prédation chez un chien ?
L'instinct de prédation (aussi appelé « instinct de chasse ») est un besoin intrinsèque chez le chien, quels que soient sa race, sa taille et son âge. Il consiste, pour un chien, à adopter un comportement visant à poursuivre, attraper, tuer et/ou consommer un autre animal qu'il considère comme une proie. L'instinct de prédation étant inné, un chien n'a pas besoin d'apprendre à chasser pour savoir le faire. En revanche, il peut renforcer et perfectionner ses compétences s'il a l'occasion de s'entraîner (si vous le laissez chasser en somme).
Cependant, cet instinct est plus ou moins fort selon la race : un épagneul breton aura plus tendance à chasser qu'un Terre-Neuve par exemple. Il est aussi plus ou moins développé selon les individus. Au sein d'une même race, certains chiens peuvent faire de la prédation plus que d'autres.
Les 8 patrons-moteurs de la chasse
Le comportement de prédation commence bien avant que votre chien ne se mette à poursuivre une proie potentielle. En réalité, la « chaîne de prédation » se traduit par une séquence de mouvements, appelés « patrons-moteurs », qu'il faut savoir identifier avant de travailler la prédation avec votre chien.
Dans son livre « Tout sur la psychologie du chien », Joël Dehasse explique que « La chasse est une séquence de patrons-moteurs. Un patron-moteur est un comportement génétiquement prédéterminé, inné, qui n'a pas besoin d'être appris pour s'exprimer, mais qui a besoin d'apprentissage pour se perfectionner et qui est autorenforcé. »
On recense 8 patrons-moteurs dans le schéma de la prédation :
- La recherche de la proie (l'orientation) : la prédation commence généralement avant même que votre chien n'ait repéré la proie visuellement. Durant cette séquence, votre chien hume l'air, scrute les alentours et fouille avec sa truffe au sol ;
- L'observation (la fixation visuelle) : une fois la proie repérée, votre chien la fixe et l'observe. À ce stade, son corps commence à se tendre ;
- L'approche (la traque) : si la proie ne s'enfuit pas immédiatement en courant, généralement votre chien tente de s'en approcher en faisant de petits pas lents et discrets pour s'en rapprocher au maximum (et ainsi maximiser ses chances de l'attraper) ;
- La poursuite : une fois que la proie se met en mouvement pour fuir, votre chien se lance à sa poursuite en courant ;
- La capture : si votre chien parvient jusqu'à la proie, il peut alors l'attraper ;
- La mise à mort : une fois la proie attrapée, l'étape suivante est de la mordre et de la tuer ;
- Le rapport (facultatif) : selon les chiens, et notamment les chiens de chasse, le fait de rapporter la proie peut être génétiquement inné ;
- La dissection/consommation : c'est la dernière étape de la prédation, celle où votre chien dissèque et mange la proie qu'il vient de tuer.
Vous l'aurez compris, la première partie de la séquence (jusqu'à l'observation) est généralement sans danger. Ce sont les patrons-moteurs qui suivent qu'il faut parvenir à maîtriser pour mettre votre chien et les autres animaux de la forêt en sécurité.
Comment réduire l'instinct de chasse de mon chien ?
Avoir un chien qui prédate n'est pas forcément une fatalité. Il existe aujourd'hui de nombreuses techniques d'éducation qui permettent à votre chien d'assouvir son besoin de chasser, sans faire de mal à un autre animal.
L'idéal est de faire appel à un éducateur comportementaliste spécialisé dans la prédation. Celui-ci vous aidera à mettre en place des mesures adaptées et sécurisées, selon votre situation et le comportement de votre chien.
En résumé, la première étape importante est de parvenir à ne pas renforcer l'instinct de prédation chez votre chien. Sachez que chaque fois qu'il part à la poursuite d'une proie, qu'il en attrape une (voir qu'il en tue et mange une), son instinct de chasse est renforcé. C'est pour cette raison qu'il est vivement recommandé d'utiliser une longe pour pouvoir travailler la prédation avec votre chien, avant de le laisser à nouveau se promener en liberté.
Ensuite, pour pouvoir réduire l'instinct de prédation de votre chien, vous devez identifier quelles sont les patrons-moteurs qui lui plaisent le plus : renifler, poursuivre, attraper, tuer, manger, etc.
Cela vous permettra de savoir vers quelles activités dérivatives vous tourner principalement.
Par exemple, il existe de nombreuses activités qui permettent à votre chien de faire travailler son flair : les jeux de flair, le nosework ou le mantrainling par exemple.
En règle générale, toutes les activités que vous pouvez mettre en place avec votre chien lui permettant de se dépenser physiquement et mentalement vous aideront à renforcer votre connexion, à mieux gérer son excitation, et donc à mieux contrôler son instinct de chasse en balade.
Dans son livre « Travailler la prédation ensemble », Simone Mueller développe une méthode appelée « ESP » (pour entraînement de substitution à la prédation) où elle détaille de nombreux exercices pratiques à mettre en place avec votre chien pour travailler la prédation en toute bienveillance.
Mettre en place un « rappel d'urgence » pour votre chien est aussi une excellente méthode pour éviter qu'il ne se lance dans une poursuite effrénée si vous croisez le chemin d'une proie potentielle en balade.
Vous trouverez aussi, dans la vidéo d'Eduzen ci-dessous, 10 conseils à mettre en place pour travailler l'instinct de prédation chez votre chien :
Exemple d'exercice de flair à faire avec votre chien : le « cherche », en extérieur
Pour réaliser cet exercice, vous allez devoir apprendre à votre chien la commande « cherche », en intérieur, sans autre stimulus autour. Le concept est simple, lorsque vous dites « cherche » à votre chien, celui-ci doit chercher et trouver une friandise que vous avez cachée. Pour commencer l'apprentissage, placez votre chien en « assis » ou « pas bouger » à une petite distance de vous. Déposez une friandise à proximité tandis qu'il vous regarde (sur le canapé ou sur un tapis par exemple). Il doit voir où vous déposez la friandise. Invitez-le à venir récupérer la friandise en lui disant « cherche ». Dès qu'il récupère la friandise, félicitez-le et répétez la commande à haute voix : « oui cherche », « c'est bien cherche » ou encore « bravo cherche ».
Répétez ce déroulé plusieurs fois en changeant de place et augmentez la difficulté petit à petit. Par exemple, placez la friandise sous un tapis tout en laissant votre chien regarder pour qu'il puisse comprendre que la friandise peut parfois être cachée. Répétez l'exercice jusqu'à pouvoir cacher la friandise sans que votre chien ne voie où vous l'avez cachée.
Une fois que le « cherche » est totalement acquis en intérieur, vous pouvez alors le travailler en extérieur (en forêt notamment) et de la même façon : en commençant par déposer une friandise devant ses yeux, puis à la cacher sans qu'il voie où vous la mettez et en augmentant le niveau de difficulté au fur et à mesure.
Une fois que votre chien maîtrise la commande « cherche » à l'extérieur, lancez plusieurs friandises à la fois dans une zone plus ou moins étendue selon le niveau de votre chien. Cela l'incitera à utiliser son flair pour les retrouver.
Questions fréquentes sur le sujet
Peut-on supprimer l'instinct de prédation chez le chien ?
Non, l'instinct de prédation est inné chez le chien et il est impossible de le supprimer totalement.
Cependant, il est possible de mettre en place des exercices qui permettent de canaliser les instincts de chasse de votre chien.
Comment faire pour réduire l'instinct de chasse de mon chien ?
Renseignez-vous et formez-vous. Il existe de nombreux contenus (articles de blog, livres) sur le sujet. Mettez en pratique les exercices recommandés dans ces contenus jusqu'à trouver ceux qui répondent le mieux aux besoins de votre chien.
Surtout, n'hésitez pas à solliciter un éducateur spécialisé dans la prédation si vous n'y parvenez pas seul.
Mon chien fait de la prédation sur les enfants, que faire ?
Si votre chien fait de la prédation sur les enfants (et sur les humains en général) ou sur les autres chiens (les petites races généralement), ne le laissez plus en libre durant vos balades tant que le trouble n'a pas été corrigé. Dans une telle situation, faites-vous accompagner par un éducateur spécialisé pour ne prendre aucun risque.
